Les motos Zero, vous connaissez ? La marque made in California, créée par Neal Saiki -un ancien ingénieur de la NASA -existe depuis 2006 et présente en France depuis seulement 3 ans. Zero pour zéro émission et presque zéro bruit car ces motos sont 100% électriques.

L’édition 2018 du Mondial Paris Motor Show (un nom bien pompeux pour une édition bien tristoune…) était résolument tournée vers l’énergie électrique pour les automobiles. On y trouvait également pléthore de scooters urbains à batteries… L’occasion de prendre rendez-vous pour un essai de la Zero DS, une moto moderne, au look passe partout.

 

Zero est arrivé !
Cette moto Zero DS polyvalente (route et chemins) est en fait construite autour d’une grosse batterie lithium-ion offrant jusqu’à 14,4kWh * (12,6 kWh de capacité nominale) et garantie 5 ans kilométrage illimité, un bloc motopropulseur maison nommé Z-Force. Ce moteur électrique, de type brushless, est refroidi par air, dont le contrôleur gère une décélération régénérative : Il suffit de relâcher la poignée d’accélérateur pour restituer de l’énergie à la batterie.

Le Z-Force est à ce jour le moteur brushless le plus puissant du marché et celui qui offre le plus haut rendement. L’ensemble se trouve placé dans un cadre double berceau tout en aluminium de qualité aviation, léger et très robuste, offrant une précision de conduite redoutable, aussi bien sur route que sur terre ou chemins.
Le tout pour un poids plutôt raisonnable de 187 kg (batterie pleine 🙂 )

Et, cerise sur la gâteau, il ne requiert aucune maintenance !

La recharge s’effectue en branchant un câble (identique à celui d’une alimentation d’ordinateur par exemple) à la prise située sur le flanc gauche de la moto.

L’autonomie d’un moto électrique varie de manière similaire à celle des motos à moteurs thermique et s’estime selon 4 paramètres :

  • route (vitesse, arrêts fréquents ou non, changements d’altitude, revêtement – bitume ou gravillons..)
  • pilote (type de conduite douce ou agressive, position de conduite, chargement…)
  • conditions climatiques (températures élevées ou basses, vent, route sèche ou glissante…)
  • moto (pression des pneus, tension de la courroie, équilibre de la batterie..)

La Zero est donnée pour 262 km en ville, 126 km sur autoroute ( à 113km/h) ou encore 169 km en conduite mixte. Il est possible d’augmenter cette autonomie de 152 km pour chaque heure branchée depuis une borne publique à 6kW (comme celles des feu Autolib’ grâce à l’option Charge Tank . Comptez 2 710,00€ pour une recharge en 1h (batterie 7.2) ou en 2 heures (batterie 14.4).

Mais la marque propose également le Power Tank qui ajoute une capacité de stockage supplémentaire de 3,6 kWh au bloc d’alimentation, la portant à 18 kWh et permettant de parcourir jusqu’à 359 km en ville ou 180 km sur autoroute. Le Power Tank prend place dans le coffre situé dans le faux réservoir.
Comptez 3 520€…

Il existe aussi un chargeur rapide facturé 828€.

Il faudra choisir l’option au moment de l’achat, car le Power Tank n’est pas compatible avec les motos équipées du Charge Tank.

Parlons du couple, le premier avantage d’une motorisation électrique. Il est de 110 Nm @ 5300tr/mn (On parle ici du couple net, celui que le moteur peut maintenir après trois minutes de fonctionnement à 80% de la puissance maximale, selon le règlement UNECE n° 85. Le couple de crête est de 146 Nm ! Diabolique…). La puissance nette ?45 kW (60 ch) @ 5300tr/mn.
A titre de comparaison, la grosse superbe Honda CB1000R offre un couple maxi de 105 Nm @ 8 250 tr/min, pour une cylindrée de 998 cc et une puissance de 107 kW (145,5 ch) à 10 500 tr/min !

La Zero se voit équipée d’une fourche télescopique inversée Showa de 41 mm, avec amortisseur réglable en précontrainte, compression et détente, tandis que la suspension arrière est assurée par un piston Showa de 40 mm, amortisseur avec réservoir externe (Piggy Back) et réglable légalement en précontrainte, compression et détente. Le tout offre un débattement de 178 et 179mm et un confort quasi parfait.

Le freinage est assuré par un gros disque de frein de 320 x 5 mm, un étrier flottant à 2 pistons et enfin un ABS Bosch de 9ème génération. La roue arrière embarque un disque de moindre diamètre (240 x 4,5 mm) ainsi qu’un étrier flottant à simple piston et le même ABS Bosch. Il en résulte un freinage mordant et très progressif.

La transmission, directe sans embrayage,  est assurée par une courroie sous tension en fibre de carbone qui limite les frottements et augmente l’autonomie globale de la moto.

Les roues de 19 et 17″ sont chaussées de pneus Pirelli MT-60, très polyvalents sur bitume (sec) comme sur terre.

Si la Zero est bien équipée d’un ABS performant, on regrettera l’absence de Traction Control afin de dompter la puissance transmise à la roue arrière, sur route mouillée ou sur terre.

Sur un tel engin, l’entretien se voit réduit au minimum. En effet, le moteur ne nécessite aucun liquide de refroidissement ni intervention régulière. Il ne reste qu’à changer les plaquettes de freins, la courroie (environ tous les 40 000km…) et les pneus. Plus d’huile, bougies, filtres, embrayage… Quand on sait que la batterie permet de rouler au minimum 300 000 km tout en gardant 80 % de sa capacité maximale d’origine, on imagine aisément les économies potentielles.

Prise de contact avant essai
La Zero est une moto de conception américaine, et çà se voit. Tout est assez dépouillé et la finition globale semble correcte, sans plus. Un petit drapeau américain est collé à l’arrière de la selle afin de rappeler les origines de la moto.

Le guidon se voit réduit à sa plus simple expression, mais s’avère réglable. La Zero est de type « naked« , sans aucune protection haute ni basse.  Prévoir un équipement étanche en cas de météo humide…
Les rétros sont trop petits, et mal placés à mon goût, ce que je vérifierai plus tard sur l’autoroute. Ils nécessiteraient d’être un peu plus haut et plus en avant afin d’offrir une meilleure visibilité. Il suffit d’ajouter une paire de rehausseurs/extenseurs et le tour est joué.

 

La Zero propose nativement 3 modes accessibles depuis un interrupteur sur la droite du guidon (en lieu et place du démarreur…) : Eco, Custom et Sport.
Eco est le mode standard, Custom permet une personnalisation très complète depuis l’application Zero Motorcycles, qui permet aussi de consulter des statistiques de conduite détaillées.
En revanche, le passage d’un mode à l’autre nécessite d’être à l’arrêt, de façon à reseter le système. Dommage…

Il est temps de partir
Le concessionnaire Suzuki et Zero « Perreux Moto » me fait un rapide brief sur la moto (contact, go) et me conseille de partir en mode Eco. En effet, la conduite d’un véhicule électrique a de quoi surprendre (couple disponible instantanément ou presque). Après avoir réglé (et pesté contre) les rétroviseurs, me voici parti direction l’A86. Je tourne doucement la poignée (des gazs ?) et la Zero part avec une sensation de légèreté assez étonnante.

La position de conduite, légèrement penché en avant, n’est en aucun cas gênant, moi qui suis plus habitué à une position GT (bah oui, pépère, bien que…).
Les genoux serrent bien les flancs, mais les pieds et les jambes n’ont aucune protection… Gare aux pluies ! (toujours en comparaison de mon super Integra bien carrossé 🙂 )
Ceci étant dit, on notera une hauteur de selle assez importante (843 mm), par conséquent la DS ou DSR ne convient pas à tous les gabarits qui devront alors s’intéresser à la S dont la selle culmine à 807 mm.
Arrivé au premier feu, un coup de pouce sur le sélecteur de mode, et me voici en mode Custom. J’emprunte la rampe d’accès à l’autoroute et j’accélère franchement d’un quart de tour sec sur la poignée droite.
Le résultat est sidérant, exaltant, grisant, incroyable, et l’accélération digne d’un dragster ! Wawaoum comme disait la marionnette de Jacque Clavet dans les Guignols de l’Info ! Cà décoiffe, çà dépote, çà envoie grave la patate.

<mode commentaire perso on>
Alors, çà booste ? Et le 100km/h ? En combien ?

Ces questions sont systématiquement posées par toute personne remarquant la moto. Evidemment que çà booste ! C’est le propre d’un motorisation électrique pour laquelle le couple est dispo à 100% ! Alors, une bonne fois pour toutes, le 100 km/h s’atteint en très peu de temps (- de 6 secondes) mais honnêtement, on s’en contre-f… !
Le principe même de rouler électrique implique une conduite coulée et souple afin d’atteindre une bonne autonomie;, c’est à dire de 250 km en ville, ou 190 km en combiné. Les kékés peuvent continuer à jouer avec leurs T-max jouets favoris. (ceci dit, le T-max est une vraie réussite, pas comme beaucoup à leurs guidons…).
<mode commentaire perso off>

On apprend très vite à doser l’accélération pour ne pas conduire comme une buse  ( 🙂 ) d’une part, préserver l’autonomie d’autre part., et enfin garder un vrai plaisir de conduite  (la prochaine fois, j’irais essayer une buse rapide Hayabusa !

Une fois sur l’A4, j’emprunte la sortie de la route de la ferme pour traverser le bois de Vincennes et rejoindre le château du même nom. La traversée du bois à allure modérée est un plaisir. L’impression de survoler le bitume,, sans pétarader avec un pot modifié (ou non). Un vrai bonheur. Le silence est d’or…

Le temps de prendre des photos, de répondre aux questions ci-dessus, de tenter d’expliquer que les performances tiennent essentiellement dans l’autonomie plutôt que dans la puissance, et il est temps de repartir via le périphérique, l’A4 et l’A86 pour rendre la Zero après un bon debrief.

Et la conclusion ?
Cette moto m’a emballé, séduit et me fait me poser des questions.
Ceci dit, les réponses sont pour le moment vite trouvées dans la mesure où il est nécessaire de faire un vrai budget prévisionnel. En effet, chaque kilomètre parcouru est économique, et sans se soucier de l’entretien et des frais de carburant, et le plaisir est entier., Il faut malgré tout compter sur le prix de la moto, soit 16 120€ pour cette Zero DS ZF 14.4… Le coût au km de mon Integra est de 0,367 €/km… Du coup, on va attendre un peu ;)…
A un prix inférieur, je me laisserais certainement tenter, ou alors si je suis certain de l’acheter pour au moins 5 ans…
A suivre.

 

La gamme Zero
Elle se compose de 4 modèles : S / SR, DS / DSR, FX et FXS.

Une édition spéciale « DSR Black Forest Edition » se voit bien équipée :

  • Charge Tank (en option, 3 520,00€)
  • Sacoches latérales et top case noir aluminium
  • Pare-brise grand tourisme
  • Siège grand tourisme
  • Pare-moteur dual sport
  • Feux auxiliaires à LED
  • Protecteur de phare

et bien tarifée : 22 165 €

 

* La capacité maximale tend à être la valeur de référence de l’industrie des véhicules électriques pour mesurer la quantité maximale d’énergie qui peut être stockée dans la batterie d’un véhicule.

Qu’est ce qu’un kWh?: Lorsque les véhicules à essence utilisent le litre (ou gallon) pour mesurer la capacité de leurs réservoirs, les véhicules électriques utilisent le kilowattheure (kWh) pour mesurer la capacité totale de d’énergie (ou «carburant») contenue dans la batterie.

La formule qui détermine ce calcul est:
Capacité maximale en kWh = (nombre d’éléments) * (capacité nominale d’éléments en ampère-heure) * (tension nominale d’éléments maximum)

Un grand merci à Gérard Chaumont de Perreux Moto pour son accueil et sa gentillesse !