Direction le Pays de Galles pour un essai extra-ordinaire, à savoir l’Audi R8 Spyder… Une ligne à tomber, un moteur V10 atmosphérique en voie de disparition, des performances à peine imaginables et pour profiter de tout ça, de la route, de la route d’exception même… Mais pas que : cerise sur le gâteau, nous aurons droit à une journée sur circuit, sur le splendide tracé d’Anglesey, avec la mer en arrière-plan…

La recette est simple : prendre une Audi R8, arracher le toit, renfoncer le châssis pour obtenir une rigidité en hausse de 50%, ajouter un toit en toile à la cinématique digne d’un Transformer qui se rétracte en 20 secondes jusqu’à 50 km/h… En enlevant le haut, la R8 prend certes 80 kilos (pour 1720 kilos sur la balance, tout de même) mais ne perd rien de sa sportivité : elle boucle le 0 à 100 en 3,6 secondes, le 0 à 200 étant lui abattu en 11,8 secondes. Ouch. Et le meilleur est à venir : LE V10 ATMO SA MAMAN !!! Pas de compresseur, pas de turbo, juste 10 cylindres à 90 degrés pour 540 chevaux de plaisir et de pure fougue et 540 Nm de couple à 6500tr/min, alors que la zone rouge ne s’atteint qu’à 8800…

Avec un tel instrument, on imagine vite la musique qu’il doit produire… Et on est loin du compte ! Pied sur la pédale de frein, on appuie sur le plus beau bouton du volant, le rouge évidemment : Le V10 se réveille bruyamment, le temps d’envoyer l’aiguille virtuelle plus loin que de raison. Quel méchant moteur, pauvres voisins… C’est sa façon à lui de dire bonjour, faut pas lui en vouloir. Puis on ne l’entend plus, Drive Select reglé par défaut sur Confort, il sait se faire discret. Mais nous évidemment là aussi, c’est pas ce qu’on lui demande : on appuie sur le deuxième meilleur bouton du volant, on réactive l’échappement sport. Et là, ça chante ! Sortir du parking, faire attention aux jantes près des mesquines bordures en se disant que tout de même, 1940mm de large, c’est assez large. On sort de Manchester, et la largeur mise à part, la R8 ne donne aucune difficulté à son conducteur. Cette supercar, comme on l’avait déjà constaté en version Coupé V10+, se conduit à la ville comme n’importe quelle auto moderne. La boite S tronic à 7 rapports y est pour beaucoup, enchainant les rapports avec douceur et discrétion. Côté suspensions, c’est tout pareil : le filtrage des imperfections de la route est de premier ordre, on oublie vite qu’on est installé dans une auto exceptionnelle avec des flancs de pneus très bas.

Devant nous, la circulation se fluidifie et on peut sereinement envisager de mettre un grand coup sur la pédale des gaz pour la première fois : mode Dynamic activé, échappement sport aussi… C’est parti pour le concerto. Et quelle musique ! Deuxième, zone rouge, troisième, zone rouge, quatri… On roule déjà à une vitesse plus qu’illicite, gardons ça pour le circuit… Mais quel son ! Rauque et puissant jusqu’à 5/6000 tours, au dessus le son part dans les aigus et ne semble jamais vouloir s’arrêter. Et à la décélération, l’échappement claque aux passages de vitesses… Bonheur. Quelle merveille ! Nous avons atteint les routes désertes du mythique Triangle EVO, où bons nombres de voitures ont été malmenées pour le plus grand bonheur des lecteurs et spectateurs du magazine. L’occasion pour nous de filer sur ce tracé et d’enchainer les courbes à bonne vitesse. Il fait sec, le grip est impressionnant et le quattro dernière génération fait plus que le boulot. Désormais capable d’envoyer 100% de la puissance à l’avant ou à l’arrière, selon l’adhérence, on n’en attendra pas les limites… On enchaine les kilomètres et les photos en croisant les copains dans les autres R8 au gré de notre roadbook, réalisant alors la chance que l’on a. Trêve de bavardages, passons au circuit.

Anglesey. Circuit. Falaises, Relief. Mer. R8 Spyder. Après quelques tours de reconnaissance, on désactive l’ESP et on passe en mode Race Dry. Finies les béquilles électroniques, le circuit est à nous. Le V10 peut alors pleinement s’exprimer. Quelle sonorité incroyable. On en profite d’autant que l’on roule capote repliée, casque sur la tête. Drôle de sensation au passage, que d’attaquer en cabriolet ! On essaie du mieux possible de réussir nos freinages dégressifs et on réalise le mordant du freinage justement. Loin de moi l’idée d’entrer dans le détail de la comparaison freins acier vs carbone céramique, mais force est de constater que le mordant ne baissera pas au long de notre séance sur le circuit. On note des disparités de feeling de pédale entre les différentes R8 à notre disposition, mais le freinage reste d’une efficacité incroyable. Aussi incroyables que nos sensations sur ce tracé d’Anglesey. Courbes larges, épingles, virages aveugles, compressions, décompressions, tout y est. On prend un pied fou et on enchaine les tours en prenant des relais entre-nous. Et on aura même le temps de prendre le circuit pour un studio pour réaliser nos photos… Drôle de journée. Incroyable R8 Spyder, incroyable expérience.

Dur de décider ce que j’ai le plus adoré dans cette auto. Sa ligne ? Son moteur ? Sa musique ? Sa polyvalence ? Et je n’ai même pas parlé de son intérieur… De son confort, aussi drôle cela soit-il pour parler d’une supercar. C’est un tout, c’est une voiture incroyable comme on en essaie rarement. Surtout quand cet essai se passe dans des conditions aussi parfaites, avec un superbe roadbook, un passage sur circuit avec une météo clémente et surtout,  entouré d’une fine équipe…

Il ne reste qu’à aborder le prix de la bête pour revenir sur Terre. Disponible en Spyder à partir de 184.000 euros, nos modèles d’essai suréquipés dépassaient les 210.000 euros. Mais qu’est ce qu’on avait la classe !


Si vous souhaitez en savoir plus sur ce formidable bolide, rendez-vous chez Audi.

Si vous vous demandez avec quoi j’ai pris mes photos, rendez-vous chez Pentax pour le K1.

Pentax K1, mon premier plein format. Il m’a bluffé.